planche publiée le 01 décembre 2025

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Table des matières

Une situation rennaise plus favorable qu’à l’échelle nationale

1La métropole rennaise présente une situation sensiblement différente de celle constatée à l’échelle nationale. La natalité y a plutôt résisté, se maintenant autour de 5 200 naissances annuelles entre 2013 et 2023 ; la diminution du nombre de jeunes enfants y est plus modérée. Entre 2020 et 2023, le nombre de jeunes enfants a reculé de 5,1 % en France contre une diminution de 2,1 % seulement sur la métropole rennaise. Dans le même temps, Rennes a enregistré une très légère augmentation (+0,1 %) du nombre d’enfants âgés de moins de 3 ans.

Sources : pour les 2 graphiques, Insee, CAF, APRAS

2L’évolution du nombre d’enfants de moins de 3 ans sur la dernière décennie (graphique 1) révèle toutefois une tendance générale à la diminution, aussi bien pour la Métropole, Rennes ou les autres communes. Certaines variations interannuelles sont visibles, notamment le pic de 2018, permettant de revenir au même niveau que celui de 2013. Depuis cette date, la baisse du nombre de jeunes enfants est plus soutenue et régulière. La comparaison entre la métropole, Rennes et les autres communes ne dégage pas de différences majeures. L’évolution du nombre de jeunes enfants au plan local est directement liée à l’installation des familles avec enfants, cette dernière étant commandée par les dynamiques liées à l’habitat (programmes de constructions, notamment les logements sociaux, dont les calendriers diffèrent d’une commune à l’autre, ainsi que les attributions dans le logement social). Le mouvement de diminution est néanmoins global et les variations interannuelles sont identiques. Les courbes confirment donc la tendance au recul amorcée en 2018, tout en s’accentuant depuis 2022.

3Cette dynamique d’ensemble est directement liée à l’évolution de la natalité. Sur le graphique 2, le nombre de naissances est compris entre 5 000 et 5 500 sur la période 2013-2021. Sur les deux dernières années, le mouvement de recul est également plus prononcé, puisque le nombre de naissances passe en dessous du seuil des 5 000 en 2023. Le lien avec l’évolution du nombre de jeunes enfants est évident, le stock de naissances l’alimentant directement. Ces tendances s’expliquent aussi par l’évolution des variables de la croissance démographique, à commencer par la diminution du solde naturel. L’érosion progressive du nombre de naissances, combinée à une augmentation continue du nombre de décès de 2013 à 2023, conduisent au ralentissement de la croissance naturelle de la population métropolitaine. L’indice conjoncturel de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme) diminue simultanément, même s’il résiste davantage dans les métropoles que sur le reste du territoire national, en raison d’une structure par âge plus favorable.

Les jeunes enfants sur le territoire métropolitain

4Pour décrire la distribution des enfants de moins de trois ans sur le territoire métropolitain, deux échelles différentes ont été mobilisées : celles des communes de la métropole d’une part et celles des IRIS1 pour la seule commune de Rennes d’autre part, ce qui permet de mesurer plus finement les différences intra-métropolitaines et entre quartiers rennais.

5A l’échelle métropolitaine (carte 1A), la localisation des enfants de moins de 3 ans révèle une forte polarisation sur la commune de Rennes, concentrant à elle seule 48 % du total des effectifs, soient 6 625 individus. Cette polarisation est conforme au poids démographique de la ville-centre. Viennent ensuite, par ordre d’importance, les communes de St-Jacques-de-la-Lande (522), de Bruz (464), de Cesson-Sévigné (392), de Betton (346), de Chantepie (321) et de Noyal-Châtillon-sur-Seiche (308). Toutes les autres communes affichent un nombre d’enfants de moins de 3 ans inférieur à 300, les communes enregistrant les valeurs les plus basses étant Miniac-sous-Bécherel (21) et Bécherel (15).

6Cette situation de polarisation des effectifs est assez classique et caractéristique des grandes agglomérations françaises. La ville-centre constitue le pôle démographique principal. La première couronne périurbaine affiche des valeurs beaucoup plus faibles comparativement mais regroupe l’essentiel des communes citées précédemment, dont les effectifs sont compris entre 300 et 600 enfants. Ensuite, plus on s’éloigne vers la périphérie du territoire métropolitain, plus le nombre d’enfants de moins de 3 ans diminue. Ces disparités s’expliquent par la combinaison de plusieurs facteurs concomitants : le poids de la concentration démographique urbaine et de la densification démographique des communes des premières et secondes couronnes périurbaines ; la structure par âge de la population et notamment la part relativement plus élevée des ménages jeunes avec enfants dans la ville-centre de Rennes et dans les couronnes périurbaines ; la proximité des zones d’emplois attractives et des grands équipements publics pour les ménages biactifs.

Sources : CAF, APRAS

7L’analyse de la distribution des effectifs au sein de la commune rennaise révèle à son tour des disparités intra-urbaines marquées (carte 1B). Les secteurs concentrant davantage de jeunes enfants sont ceux de Villejean, de Cleunay, de Maurepas et du Blosne. Le secteur regroupant le plus de jeunes enfants est celui de Cleunay-Est, suivi de très près par Beauregard. Ce sont deux quartiers récemment urbanisés du territoire communal, et ayant accueilli beaucoup de nouveaux ménages au bénéfice de programmes d’habitat et de logement assez récents. Ce sont également des quartiers caractérisés par une offre importante de logements sociaux (niveaux de loyers bas et plafonnés). En revanche, les quartiers centraux et entourant le centre-ville affichent des effectifs d’enfants de moins de 3 ans globalement plus faibles, de même que quelques secteurs largement consacrés à d’autres activités urbaines : quartier universitaire de Beaulieu, zone d’activités technopolitaines de Champeaux… La structure par âge de la population joue un rôle important dans cette géographie, les quartiers qui concentrent le plus d’effectifs d’enfants âgés de moins de 3 ans étant ceux où les ménages jeunes avec enfants sont relativement plus nombreux. Ce sont souvent des quartiers concernés par des opérations de développement urbain récentes, soit ex-nihilo (nouveaux quartiers : exemple de Beauregard), soit en raison de programmes de requalification urbaine (reconstruction sur des friches : exemples de la Courrouze, du Mail, de Baud-Chardonnet).

Structure par âge des familles et poids démographique des jeunes enfants

8Les cartes 2A et 2B permettent de préciser l’analyse selon un autre type d’indicateur : le nombre et la part des familles allocataires avec enfants de moins de 3 ans dans le total des familles allocataires. Mesurer la part des familles avec jeunes enfants dans le total des familles permet de mettre l’accent sur la structure par âge des ménages. Plus la part des familles avec jeunes enfants est élevée, plus le territoire est caractérisé par une population assez jeune.

Sources : CAF, APRAS

9A l’échelle de la métropole tout entière, Rennes regroupe 47,3 % des familles allocataires ayant des enfants de moins de 3 ans et fait partie des communes où la part de ces familles est la plus élevée. Cela est cohérent avec la polarisation des jeunes enfants dans la ville-centre. Les communes de St-Jacques-de-la-Lande, Bruz, Cesson-Sévigné, Betton, Chantepie affichent également des valeurs assez élevées, contrastant avec les communes périphériques de Bécherel, Miniac-sous-Bécherel, Le Verger, St-Sulpice-la-Forêt, Langan et La Chapelle-Chaussée où les familles avec jeunes enfants sont beaucoup moins nombreuses. La lecture de la carte réalisée à l’échelle métropolitaine met en évidence la structure centre-périphérie évoquée précédemment. Au cœur de la métropole (ville de Rennes et couronne immédiate), le poids relatif de ces familles est plus élevé et diminue progressivement vers la périphérie. Quelques nuances méritent toutefois d’être apportées. La première couronne périurbaine du nord de Rennes (de Pacé à St-Grégoire) est caractérisée par une moindre représentation des familles avec jeunes enfants, révélant une structure de la population plus âgée. Ces communes ont été parmi les premières à connaître le processus de périurbanisation. A l’inverse, en deuxième couronne, quelques communes se distinguent par une assez forte représentation des familles avec enfants en bas-âge, telles que Corps-Nuds, St-Armel, Nouvoitou, Parthenay-de-Bretagne et Chavagne. Ces communes présentent un dynamisme démographique soutenu ces dernières années par l’accueil de nouveaux ménages.

10Concernant la commune de Rennes, les bases de données statistiques n’ont permis de travailler qu’à l’échelle des quartiers. À l’ouest de la commune, les quartiers Villejean/Beauregard, Cleunay/Arsenal/Redon et Bourg-L’Évêque/La Touche/Moulin-du-Comte sont ceux qui affichent la plus forte représentation des familles avec enfants de moins de 3 ans dans le total des familles (plus de 31,7 % des familles), suivis des quartiers St-Martin, Maurepas/La Bellangerais et Thabor/St-Hélier (entre 30,7 et 31,7 %). En revanche, le centre et les quartiers Sud et Est de la ville affichent des valeurs inférieures à 30,7 %. Ces contrastes sont conformes aux dynamiques évoquées précédemment et montrent à leur tour le lien entre structure par âge des ménages et poids démographique des jeunes enfants.

11Dans un contexte national de ralentissement démographique, la métropole rennaise demeure une agglomération encore dynamique et relativement jeune. La ville-centre et les couronnes périurbaines les plus proches concentrent les enfants âgés de moins de 3 ans ainsi que les familles les plus jeunes. La lecture des disparités spatiales internes à l’agglomération diffèrent assez peu des autres grandes agglomérations françaises, notamment dans l’Ouest de la France. Les données démographiques les plus récentes (post-2020) présagent toutefois d’une forme de fragilisation des indicateurs démographiques, liée à la diminution récente de la natalité et de la fécondité.

Olivier David et Irma Poulard, 2025 : « La petite enfance dans la métropole rennaise : dynamiques démographiques récentes (1/2) », in B. Bisson, B. Mericskay, O. David, A. Lepetit & V. Deborde Atlas social de la métropole rennaise [En ligne], eISSN : 2999-2923, mis à jour le : 03/12/2025, URL : https://atlas-social-de-rennes.fr:443/index.php?id=1567, DOI : https://doi.org/10.48649/asdr.1567.