Atlas social de la métropole rennaise

Un territoire mosaïque

Dynamiques démographiques intra métropolitaines

par Olivier David

planche publiée le 23 octobre 2023

Avec une croissance démographique soutenue entre 2014 et 2020, Rennes figure parmi les métropoles françaises les plus dynamiques à l’échelle nationale. Cette situation s’explique principalement par la combinaison d’une croissance naturelle positive et d’une attractivité migratoire globalement forte. Ce mouvement général ne doit pas occulter des disparités internes, reflétant des trajectoires communales contrastées, éclairantes sur les processus à l’œuvre dans la plupart des grandes agglomérations du pays.

1En 2020, la métropole rennaise compte 462 580 habitants. Ce chiffre la positionne au 12e rang national, rejoignant les valeurs enregistrées par Montpellier, Rouen et Grenoble. Sur la période 2014-2020, la métropole rennaise affiche un taux de croissance moyen annuel de sa population de +1,1 %, ce qui traduit un dynamisme démographique particulièrement soutenu, deux fois plus élevé que celui constaté pour l’ensemble des métropoles françaises (+0,5 %). Ce rythme de progression place alors Rennes au 5e rang national derrière Montpellier, Nantes, Toulouse et Bordeaux.

2Cette forte croissance s’explique par le jeu combiné de plusieurs variables : l’évolution de la natalité, de la mortalité et les mouvements migratoires. Entre 2013 et 2019, la métropole rennaise a enregistré 31 408 naissances et 16 181 décès. Le solde naturel est donc excédentaire de 15 227 individus. Il alimente à lui seul 49,3 % de la croissance du nombre d’habitants. Sur la même période, le solde migratoire apparent est estimé à 15 687 habitants, représentant 50,7 % de l’accroissement démographique. Cette réalité traduit un dynamisme naturel de la population mais aussi une forte attractivité métropolitaine avec plus d’arrivées que de départs sur le territoire, se rapprochant, de ce point de vue, de nombreuses grandes agglomérations urbaines de la façade atlantique et des régions méridionales.

Variations intra métropolitaines

Figure 1 - Typologie des évolutions démographiques récentes (2013-2019)

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Source : Insee

3Comme le révèle la carte (figure 1) portant sur les évolutions démographiques récentes, la comparaison des valeurs communales à la moyenne métropolitaine permet de distinguer des différences sensibles d’un territoire à l’autre. Les communes les moins dynamiques, dont la croissance est inférieure à la moyenne, sont toutes situées en position centrale, avec Rennes et plusieurs de ses communes limitrophes (Cesson-Sévigné, Chantepie, Vern-sur-Seiche, Noyal-Châtillon), exception faite de Mordelles située en dehors de l’unité urbaine. A l’inverse, dans la première couronne, plusieurs communes affichent une croissance supérieure à la moyenne, alimentée principalement par un solde migratoire soutenu. C’est le cas des communes situées au nord de Rennes, de Saint-Grégoire à L’Hermitage et au sud, de Chartres-de-Bretagne à Chavagne, ainsi que Corps-Nuds.

4En s’éloignant davantage de la ville-centre, une seconde couronne périurbaine peut être identifiée, regroupant les communes les plus dynamiques, combinant un solde naturel et un solde migratoire supérieurs à la moyenne. Elles s’étendent d’Acigné à Chevaigné au Nord, de Langan à Cintré au Nord-Ouest et de Pont-Péan à Nouvoitou au Sud. Ces zones regroupent les communes qui bénéficient à plein du processus de périurbanisation, captant les ménages les plus jeunes souhaitant accéder à la propriété, sans trop s’éloigner du pôle d’emplois. Cette seconde couronne est structurellement plus jeune et plus dynamique que la première. Saint-Jacques-de-la-Lande et Le Rheu rejoignent cette catégorie bien que plus proches de la ville-centre.

5En revanche, les marges les plus éloignées de l’aire métropolitaine sont caractérisées par un moindre dynamisme démographique. La croissance y est inférieure à la moyenne métropolitaine, soit parce le solde naturel est faible ou négatif (Bécherel et Romillé), soit parce que leur attractivité est moindre ou négative (Laillé, Brécé, Le Verger).

6Cette première lecture révèle une structure auréolaire assez classique dans les grandes agglomérations françaises, où les communes de l’unité urbaine centrale sont nettement moins dynamiques que les couronnes périurbaines. Pour autant, toutes ces communes, à commencer par Rennes, concentrent toujours une part importante des effectifs de la croissance. L’étalement progressif de la ville se lit au travers du plus ou moins grand dynamisme démographique des communes, la seconde couronne étant aujourd’hui celle qui concentre les effectifs supplémentaires les plus élevés après la ville-centre. Les marges, du fait d’un éloignement plus important aux activités et aux services du cœur d’agglomération sont beaucoup moins dynamiques et attractives. Il convient aussi de souligner la diminution de la population des communes de Bécherel, Saint-Sulpice-la-Forêt, Le Verger et Chantepie entre 2013 et 2019.

Temps long, temps court : des trajectoires communales contrastées

7En comparant le rythme de croissance démographique de chacune des communes sur la période 1990-2013 avec la dernière période intercensitaire 2013-2019, ce que permettent le graphique (figure 2) et la carte afférente (figure 3), plusieurs trajectoires communales peuvent être assez rapidement identifiées.

Figure 2 - Temps long, temps court : des évolutions communales contrastées (1990-2019)

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Source : Insee

Figure 3 - Typologie des trajectoires démographiques entre 1990 et 2019

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Source : Insee

8Rennes et Bécherel, pour des raisons différentes, appartiennent à la catégorie des communes les moins dynamiques sur l’ensemble de la période. La trajectoire rennaise est révélatrice de celle des villes-centre des agglomérations françaises, où le niveau de croissance est systématiquement moins élevé qu’en zone périurbaine. Pour Bécherel, bourg rural en situation périphérique et assez éloigné de Rennes, le dynamisme démographique est le plus faible à l’échelle de la métropole, même s’il demeure positif.

9Parmi les communes moins dynamiques que la moyenne sur le temps long, figurent majoritairement des communes centrales de l’agglomération (Cesson-Sévigné, Chantepie, Vern-sur-Seiche, Noyal-Châtillon-sur-Seiche) et des communes plus périphériques (Miniac-sous-Bécherel, Le Verger, Brécé, Laillé…).

10Toutes les autres communes, situées principalement en première et deuxième couronne périurbaine, affichent des valeurs supérieures à la moyenne, que ce soit sur la période 1990-2013 ou 2013-2019. Ce sont des communes qui bénéficient d’une forte attractivité, accueillant les ménages en quête d’installation et contribuant à l’étalement urbain de l’agglomération. On y trouve plusieurs pôles de services et d’activité structurants de l’aire métropolitaine (Betton, Bruz, Chartres-de-Bretagne, Pacé, Le Rheu, Saint-Grégoire, Saint-Jacques-de-la-Lande).

Pour citer ce document

Olivier David, 2023 : « Dynamiques démographiques intra métropolitaines », in B. Bisson, B. Mericskay, O. David, A. Lepetit & V. Deborde Atlas social de la métropole rennaise [En ligne], eISSN : 2999-2923, mis à jour le : 24/10/2023, URL : https://atlas-social-de-rennes.fr:443/index.php?id=869, DOI : https://doi.org/10.48649/asdr.869.

Bibliographie

AUDIAR, Populations légales 2020, estimations 2023 et projections 2050, Janvier 2023, 12 p.

OUEST FRANCE, Population. Rennes Métropole face à une poussée démographique, Décembre 2021, https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/population-rennes-metropole-face-a-une-poussee-demographique (consulté le 13 octobre 2023)

Mots-clefs

Glossaire

  • solde naturel

    Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période. On parle d'accroissement naturel ou d'excédent naturel lorsque le nombre de naissances est supérieur à celui des décès.

  • solde migratoire

    Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l'année. Ce concept est indépendant de la nationalité.

  • unité urbaine

    une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

    Si l’unité urbaine se situe sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée.

    Si l’unité urbaine s’étend sur plusieurs communes, et si chacune de ces communes concentre plus de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu, elle est dénommée agglomération multicommunale.

  • ville-centre

    Lorsqu'une unité urbaine est constituée de plusieurs communes, on la désigne sous le terme d'agglomération multicommunale. Les communes qui la composent sont soit ville-centre, soit banlieue.

Olivier David

Professeur des universités, Université Rennes 2, UMR 6590 Espaces et Sociétés (ESO)

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Résumé

Avec une croissance démographique soutenue entre 2014 et 2020, Rennes figure parmi les métropoles françaises les plus dynamiques à l’échelle nationale. Cette situation s’explique principalement par la combinaison d’une croissance naturelle positive et d’une attractivité migratoire globalement forte. Ce mouvement général ne doit pas occulter des disparités internes, reflétant des trajectoires communales contrastées, éclairantes sur les processus à l’œuvre dans la plupart des grandes agglomérations du pays.

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